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Carnet de voyage : Japon, Taiwan, Corée du Sud

Nghiêm Quang Thái (JJR65)

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Le Japon, du jour au lendemain, s’est fait connaître du grand public occidental stupéfait par sa victoire en 1905 sur la flotte russe dans le détroit de Tsushima qui le sépare de la Corée, moins de quarante ans après sa décision d’entrer dans le monde moderne en 1868.

Mais plus admirable encore, le Japon est le seul pays d’Asie qui a su se développer en maîtrisant les sciences et techniques de l’Occident en un temps record, tout en préservant ses traditions millénaires, sans passer par des révolutions qui ruinent le pays et divisent profondément le peuple.

Une visite au Japon me paraît donc incontournable et le jour venu, c’est avec enthousiasme que je m’envole vers les trois pays appelés les dragons de l’Asie : le Japon, Taiwan et la Corée du Sud.

Nous sommes des voyageurs vietnamiens venant de France, mais la grande majorité d’entre nous vient des Etats-Unis.

Je connaissais déjà un peu le Japon à travers les films de samouraïs, les arts martiaux, les appareils de photos, les voitures hybrides, les sushi et les sashimi, les yakitori et le wasabi, les livres comme La Pierre et Le Sabre, La Parfaite Lumière de YOSHIKAWA Eiji, Shogun de James Clavell, The Sea of Fertility , une célèbre tétralogie de MISHIMA Yukio, prix Nobel de littérature, .. mais ce sont surtout mes amis japonais qui me font aimer le Japon avant de le visiter.

J’explique ci-après pourquoi des caractères chinois seront à dessein associés aux mots japonais, même si leur prononciation en japonais est très différente de celle des Hán.

Le Japonais utilise 4 types de graphies :

Le kanji (漢字 = Hán từ = caractère chinois) est l’ensemble des caractères empruntés au chinois. Il est l’un des trois ensembles de l’écriture japonaise avec le hiragana (平仮名 = kana lisse) et le katakana (片仮名 = kana fragmentaire)qui sont du kana (仮名), c.à.d. un ensemble de caractères qui notent chacun un son élémentaire appelé more.

L’explication linguistique de la more (à ne pas confondre avec la syllabe) japonaise dépasse le cadre de ce modeste compte-rendu.

Le kanji facilite grandement une interprétation spontanée et fidèle d’un mot japonais pour qui connaît le chinois, aussi lui sera-t-il fréquemment associé, mais parfois sans sa traduction en viêtnamien, ni en français.

Ex. : Nippon = 日本 = Nhật Bản = Japon, Tokyo = 東京 = Đông Kinh = Capitale de l’Est, Bushi = 武士 = Võ Sĩ = Celui qui possède l’art du combat, Shogun = 将軍 = Tướng Quân = Généralissime …

Le hira gana et le katakana s’utilisent comme compléments au kanji.

Pour simplifier, le hiragana sert à transcrire des mots japonais ne pouvant s’écrire avec un caractère kanji (comme le mot « Trời » (le Ciel) de la langue viêtnamienne ne peut s’écrire avec un caractère chinois classique) et le katakana sert à transcrire des termes étrangers.

Ils permettent de noter phonétiquement la langue, ce qui n’est pas possible avec le kanji.

A ces trois ensembles, on doit rajouter le romaji qui est le système d’écriture en alphabet latin utilisé dans le cadre de l’écriture japonaise.

Il est à noter que notre quốc ngữ introduit par Alexandre de Rhodes au XVIIè siècle a su résoudre élégamment tous les problèmes liés aux mots viêtnamiens, qu’ils soient d’origine chinoise ou non, mais c’est surtout l’alphabétisation des mots (et la phonétisation qui en découle) qui constitue un progrès décisif en les rendant analytiques, faciles à lire, à écrire et à mémoriser.

Ainsi on n’a aucune difficulté à écrire le mot Thiên (天), d’origine chinoise ou le mot Trời, d’origine viêtnamienne, l’alphabet romanisé facilitant grandement l’écriture d’un mot tel qu’on le prononce, sans avoir à connaître sa véritable signification, ni son origine. On l‘écrit si naturellement qu’on ne peut imaginer les difficultés de nos anciens à utiliser les caractères « Nôm » dérivés des caractères chinois pour écrire un texte qui contient indifféremment des mots d’origine chinoise et vietnamienne, sans compter ceux ayant d’autres origines ou à les retenir.

Chou En Lai, premier ministre de Mao Zedong, reconnaît lui-même que les Viêtnamiens ont de la chance d’avoir leur système d’écriture actuel.
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27/03/2014 Tokyo Quartier de Daiba (台場).

Après un vol de 11H00 sans histoire à bord d’un Airbus A380 d’Air France en partance de Paris, les voyageurs « français » débarquent à Narita 成田, l’aéroport international de Tokyo.

Tokyo (東京=Đông Kinh =Capitale de l’Est) anciennement Edo (江戸 = Giang Hộ = Porte de la Rivière) est la capitale administrative du Japon depuis l’ère Meiji (明治 = Minh Trị) en 1868.

Deuxième capitale financière après New York, Tokyo qui compte de nombreux gratte-ciel, mais aussi d’innombrables temples shintoïstes et bouddhistes, est une ville où cohabitent harmonieusement tradition et modernité.

L’agglomération de Tokyo ou le Grand Tokyo, est la plus peuplée au monde avec une population de près de 40 millions d’habitants.

Au cours du siècle dernier, Tokyo a subi deux grandes catastrophes : détruite en 1923 par des tremblements de terre (143 000 morts) et durant la seconde guerre mondiale par les bombardements alliés (plus de 100 000 morts), la ville a été reconstruite selon une architecture des plus modernes destinée à résister aux secousses sismiques les plus violentes.

Les « Français » seront bientôt rejoints par les « Américains » venant de Los Angeles.

Sans perdre une seconde, car il faut respecter un programme prévu très dense, le groupe s’installe à bord d’un car qui emmène ses passagers visiter un temple bouddhiste dans la région d’Ushiku (牛久), à 50 kms au Nord-Est de Tokyo.

Là se trouve la statue en bronze du bouddha Amida (Phật A Di Đà en vietnamien) en position debout.

La statue mesure 120 m de haut et est considérée comme la plus grande statue de bouddha au monde.

Le bouddha Amida règne sur un monde merveilleux, sans mal et sans souffrances, appelé « Terre pure occidentale de la Béatitude » qui est l’équivalent du Nirvana selon certaines croyances.

Tous les autres bouddhas en parlent.

Le bouddha Amida est encore appelé le bouddha des bouddhas.

Le soir nous dînons au quartier Daiba de Tokyo où l’on nous sert des crevettes frites et des poissons accompagnés de légumes divers.

DaiBa (台場 = Đài Trường = Forteresse) est une grande île artificielle située dans la baie de Tokyo.

Son nom signifie « forteresse » car à l’origine des canons y étaient positionnés pour défendre Tokyo contre d’éventuelles attaques maritimes.

Notre dîner me rappelle plus la cuisine chinoise que la cuisine japonaise mais j’étais si fatigué que la question que je me posais ne me semblait pas très pertinente.

Aussitôt après nous nous dirigeons vers notre hôtel le « Tokyo Dome Hotel » pour préparer notre excursion du lendemain.
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28/03/2014 Tokyo Skytree, Sanctuaire Meiji, jardin japonais et quartier Ginza

Le rituel des jours d’excursion est immuable ou presque :

Lever à 6H00 du matin, petit-déjeuner à 7H00, check-out à 7H45, départ vers 8H00, déjeuner vers 12H00, dîner vers 19H00, transfert vers 20H00-21H00 vers un hôtel (presque jamais celui qu’on vient de quitter le matin), check-in vers 22h00, préparatifs pour l’excursion du lendemain, un rythme soutenu auquel beaucoup d’entre nous ne sont plus habitués depuis longtemps.

Le matin nous nous rendons à la tour Skytree de Tokyo (東京スカイツリー) qui, avec ses 634 m, est l’une des plus hautes au monde.

Un ascenseur ultra-rapide (60m/sec) nous amène en un rien de temps à un étage situé à 450 m du sol où en dehors de l’éternel shopping nous pouvons nous distraire en admirant Tokyo et le fleuve Sumida 隅田 qui le traverse ou en marchant sur un plancher de verre à travers lequel nous voyons les immeubles situés en bas qui nous apparaissent tout minuscules. Impressionnant et … vertigineux.

L’après-midi est consacrée à la visite du sanctuaire shintoïste dédié aux mânes divins de l’empereur Meiji mort en 1912 et à ceux de sa femme, l’impératrice Shoken morte en 1914.

Le shintoïsme ((神道= thần đạo = voie du divin) est la religion officielle au Japon avec plus de 100 millions d’adeptes. Il est assez difficile à comprendre pour un non-Japonais.

C’est une religion polythéiste et animiste qui voit dans tout être vivant, tout objet et même tout concept abstrait un esprit (kami=神=thần=divinité) qui l’habite et qu’il faut respecter.

D’où peut-être l’extrême courtoisie des Japonais et le soin méticuleux qu’ils mettent à faire toute chose. Ce qui, ailleurs, serait de la superstition devient ici au Japon un art exquis de vivre.

Au Japon, l’empereur est le chef de l’Etat.

Selon la constitution actuelle il n’a plus qu’un rôle symbolique.

Jusqu’en 1947, il est appelé Tenno = 天皇 = Thiên Hoàng = Empereur Céleste.

A titre de comparaison l’Empereur de Chine ne s’appelle que Huáng Dì= 皇帝 = Hoàng Đế = Empereur.

A partir de 1947, après la défaite, sous la pression des Alliés, il a renoncé à sa nature de « divinité incarnée » mais reste toujours de descendance divine, d’une lignée d’empereurs qui remonte à 660 ans avant JC, avec le premier empereur nommé Jinmu ((Jinmu Tennō = 神武天皇 = Thần Võ Thiên Hoàng) descendant de la déesse du Soleil Amaterasu (天照 = Thiên Chiếu = Qui éclaire le Ciel).

La particularité des empereurs japonais est qu’ils descendent tous de la même dynastie qui règne sur le Japon depuis sa création en 660 avant JC.

Sa longévité en fait la dynastie la plus ancienne au monde.

En 1945, après la victoire, les Américains n’ont pas touché à l’institution impériale estimant qu’elle est le garant de la stabilité du pays.

On a beaucoup parlé de la sagesse américaine qui a su ménager l’avenir des relations entre les deux pays, en pensant à la situation de l’Allemagne après la 1ère guerre mondiale qui a vu l’arrivée des nazis au pouvoir à la suite de l’abdication de l’empereur Guillaume II.

Mais il ne faut pas oublier que l’abdication de l’Empereur du Japon n’était pas exigée par l’accord de Postdam signé en Juillet 1945 entre les Etats-Unis, l’URRS et le Royaume-Uni, pour mettre fin à la guerre contre le Japon et que la reddition japonaise fut reçue avec soulagement par le président Truman qui craignait une médiation trop empressée des Russes.

Le mérite revient in fine aux Américains et aux Japonais d’avoir réussi à effacer la haine entre leurs deux peuples et à faire du Japon un grand pays allié et ami des Etats-Unis.

Nous continuons l’après-midi par la visite d’un jardin traditionnel japonais dans le quartier Shinjuku 新宿de Tokyo.

On peut y admirer des cerisiers en fleurs, des pins parasols et des fleurs dont je ne saurais donner tous les noms.

La fleur de cerisier (sakura 桜 / 櫻, qui désigne en japonais aussi bien la fleur que l’arbre) est l’emblème des samouraïs qui constituent une classe guerrière de 1185 (période Kamakura 鎌倉時代) à 1868 (ère Meiji 明治時代).

Le samouraï ou bushi (武士 = Võ Sĩ) possède une éthique très stricte qui le fait mépriser la souffrance physique et la mort.

Il se suicide par seppuku (切腹 = suicide rituel par éventration), plus connu sous le nom de hara-kiri en Occident, s’il ne peut obéir à un ordre de son chef qu’il considère comme immoral ou s’il a lui-même commis un acte qu’il juge déshonorant.

Pour lui la vie est aussi légère que la fleur de cerisier, belle et éphémère.

Sa chute est comparée à la fin de la vie d’un homme, une fin qu’il affronte avec sérénité et courage, comme inscrite dans le cours inéluctable des choses.

Dans le film « Le Dernier Samouraï » avec Tom Cruise et Ken WATANABE, on peut voir le dernier samouraï se donner la mort par seppuku au moment où il comprend que la bataille est perdue, avec en arrière-plan une fleur de cerisier qui se détache de sa branche et s’envole dans l’air calme et limpide du jour.

Symbole fort pour qui connaît l’esprit du samouraï dont le savoir-mourir fait partie du savoir-vivre.

Le film « Le Dernier Samouraï » est inspiré d’un fait historique réel : la rébellion menée par TAKAMORI Saigo (隆盛西郷, 1827-1877) contre les forces impériales pour défendre la caste des samouraïs dont les privilèges étaient menacés par les réformes de l’empereur Meiji.

Elle s’est terminée le 24 Septembre 1877 par la bataille de Shiroyama (城山の戦, Shiroyama no tatakai) où 500 samouraïs survivants de TAKAMORI Saigo se lancèrent dans une charge à cheval à l’assaut des 30 000 soldats impériaux, armés de fusils et de mitrailleuses, qui les encerclaient et furent tués jusqu’aux derniers.

TAKAMORI Saigo lui-même grièvement blessé s’est fait seppuku selon la tradition des samouraïs.

Si aujourd’hui, les samouraïs n’existent plus au Japon en tant que classe guerrière, beaucoup de Japonais continuent de s’en inspirer dans leur façon de vivre en respectant les codes du Bushido (la Voie du Samouraï) qui exigent du pratiquant courage et fidélité sans faille à son idéal jusqu’à la mort.

Le soir nous nous promenons dans le quartier chic de Tokyo : Ginza (銀座 = ngân tọa = siège blanc ou en argent).

A Ginza, on trouve des magasins de luxe (Louis Vuitton, Prada, Shiseido, Dior, Cartier, ….) qui pratiquent des prix exorbitants, mais cela ne refroidit pas pour autant l’ardeur de la gent féminine qui nous accompagne, bien au contraire.
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29/03/2014 Tokyo – Yokohama – Kamakura – Mont Fuji – Onsen…

Vers 9H00, nous visitons le Senso-ji (浅草寺), dans le quartier d’Asakusa de Tokyo, dédié au bouddha Kannon = 觀音 = Quan Âm encore appelé 觀世音 Quán Thế Âm (qui entend toutes les voix du monde), qui est le bouddha de la compassion et de la sagesse qu’invoquent les malheureux en détresse. Le Senso-ji, terminé en 645, est le plus vieux temple de Tokyo.

A midi, nous débarquons dans le quartier chinois de Yokohama (横浜), deuxième ville du Japon , située dans la baie de Tokyo, au sud de Tokyo, l’un des grands ports du pays avec Kobe, Osaka, Nagoya … où nous profitons du temps libre pour nous restaurer et faire un peu de shopping.

L’après-midi nous partons visiter la statue dédiée au bouddha Amida (Phật A Di Đà) assis, construite en 1252 sous le shogunat de Kamakura 鎌倉 (1185-1333).

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Shogun (将軍= Tướng Quân) signifie généralissime.

Le shogun devient définitivement un titre héréditaire à partir de la période Tokugawa (1603-1867).

Il est le dirigeant de facto du pays (dictateur militaire) alors que l’empereur en est le dirigeant de jure (gardien des traditions) inamovible depuis près de 2700 ans.

Cependant, quand une crise devient insoluble, le shogun peut volontairement s’effacer pour redonner le pouvoir réel à l’empereur (seul cas officiel : Meiji en 1868 avec l’ouverture forcée du pays aux étrangers).

En 1498, un raz-de-marée balaya le grand temple du bouddha Amida jusqu’aux pièces de sa fondation mais laissa intact son corps.

En septembre 1923, un grand tremblement de terre détruisit sa base mais ne causa aucun dégât au corps du bouddha.

Ces deux événements font penser aux pouvoirs surnaturels de la statue.

C’est pendant la période Kamakura qu’on voit émerger la classe guerrière des samouraïs ainsi que le système féodal qui subsistera jusqu’en 1868.

C’est aussi pendant cette période que deux tentatives d’invasions mongoles ont échoué grâce au kamikaze, 神風 = thần phong = vent divin, qui coula les flottes mongoles parties de Corée.

La nuit venue, nous revenons à l’hôtel situé en face du mont Fuji (Fuji = 富士 = Phú Sĩ) avec ses 3776 m d’altitude, en espérant pouvoir l’admirer au lever du soleil vers 5H00 du matin.

On nous fournit un yukata (浴衣 = dục y = vêtement de bain), kimono d’été léger et des pantoufles confortables pour nous détendre.

En attendant le lever du soleil, nous profitons des onsen (温泉 = ôn tuyền), sources d’eaux chaudes de l’hôtel, en tenue d’Adam pour les hommes et d’Eve pour les femmes, comme c’est la coutume ici au Japon, à Taiwan et en Corée.

Mais contrairement aux camps de nudistes en France, hommes et femmes se baignent séparément.

L’expérience est si agréable que le lendemain, certains d’entre nous décident de la renouveler.

Quant au capricieux Fujiyama, grande déception, car à notre lever à 5h00 du matin, le ciel ne s’éclaircit pas et seul le brouillard est au rendez-vous.

On se dit tristement que ce sera pour la prochaine fois.
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30/03/2014 Mont Fuji – Nagoya

La contemplation du Mont Fuji étant compromise par le mauvais temps qui y règne, notre car fonce vers Nagoya (名古屋), la troisième ville du Japon en superficie et la quatrième en population, derrière Tokyo, Yokohama et Osaka. Après la visite du parc Heiwa-Koen dédié à la Paix, à l’est de Nagoya, nous visitons le temple shintoïste de Linga Tagada à Komaki qui vénère le sexe masculin.

4 photos

Chaque année, une fête appelée Honen Matsuri est organisée le 15 mars à Komaki à 45 minutes de Nagoya en voiture. (Honen=abondance , Matsuri=fête). On y vient pour demander à l’esprit du sexe de donner la fertilité aux femmes ou des récoltes abondantes aux paysans. L’après-midi, nous sommes allés au musée de l’automobile Toyota où sont exposés des modèles de la marque mais aussi des voitures européennes et américaines depuis 1880 à nos jours.

On y voit des Rolls-Royce, des Packard, des Ford, … et bien sûr des Toyota.

Une collection de voitures de rêve pour millionnaires.
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31/03/2014 Nagoya – Nara – Kyoto

Une agréable surprise nous attend avec la présentation par notre guide d’une jeune (et jolie) Japonaise qui va nous accompagner jusqu’à Kyoto où habite sa grand-mère.

C’est une étudiante qui fait à Hà Nội une thèse sur Khái Hưng, l’un des principaux rédacteurs du Tự Lực Văn Đoàn (littéralement : groupe littéraire pour l’auto-renforcement) créé par Nhất Linh.

Khái Hưng, est l’anagramme de Khánh Giư, de son vrai nom Trần Khánh Giư, né en 1896 dans le village de Cổ Am, district de Vĩnh Bảo, province de Hải Dương, près de Hà Nội.

Il est un romancier de talent, un chantre de la modernité et de la liberté individuelle, un fervent défenseur de l’indépendance nationale, que les communistes ont exécuté le 17 Novembre 1947.

Il est aussi connu pour avoir traduit le sonnet de Félix Arvers dont le premier quatrain était très en vogue chez les JJR dans les années 60 :

Mon âme a son secret, ma vie a son mystère
Un amour éternel en un moment conçu :
Le mal est sans espoir, aussi j’ai dû le taire,
Et celle qui l’a fait n’en a jamais rien su.

Lòng ta chôn một khối tình
Tình trong giây phút mà thành thiên thu
Tình tuyệt vọng, nỗi thảm sầu
Mà người gieo thảm như hầu không hay.

A mon avis, cette traduction sublime en thơ lục bát (poèmes alternativement en vers de six et huit pieds, selon la métrique viêtnamienne classique) transcende la version originale en vers alexandrins.

C’est avec une vive émotion que je redécouvre Khái Hưng, grâce à … une Japonaise.

A Nara (奈良) qui est la première capitale du Japon (710 – 784) dont les monuments historiques ont été inscrits au patrimoine mondial de l’humanité en 1998, nous avons visité, entre autres, le Tōdai-ji (東大寺 = Đông đại tự = Grand temple de l’Est), le temple en bois le plus grand au monde.
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01/04/2014 Kyoto

Kyoto (京都 = Kinh đô = capitale) est de 794 à 1868 la Capitale impériale du Japon sous le nom de Heian-kyō (平安京 = Bình an Kinh = Capitale tranquille et paisible) .

Avec ses 2000 temples, ses palais, ses jardins, son architecture, Kyoto est considéré comme le centre culturel du Japon. Ses monuments historiques ont été inscrits au patrimoine de l’Unesco en 1998.

En 1945, la ville a été retenue comme cible d’un bombardement atomique puis écartée in extremis.

A Kyoto nous avons visité le temple bouddhiste Kinkaku-ji (金閣寺 = Kim các tự = temple du pavillon d’or) qui est le temple impérial situé dans le jardin des cerfs.

A l’origine il a été construit par le Shogun Ashikaga足利, qui y habite après avoir rendu son titre de Shogun, vers la fin du XIVème siècle, et le lieu fut transformé en temple.

Il doit son nom à ses deux étages recouverts d’or et est célèbre dans le monde entier.
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02/04/2014 Kyoto – Kobe

Kobe (神戸 = thần hộ = porte des esprits )

Kobe possède l’un des plus grands ports du Japon. En 1995 un séisme de grande magnitude a détruit une grande partie de la ville et fait plus de 6000 morts.

Kobe est connu pour sa viande de bœuf (voir photo ci-dessus) et pour son quartier occidental.
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03/04/2014 Himeji
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Le château d’Himeji (姫路) est le plus visité au Japon et le mieux préservé.

Il a été construit au XIVème siècle.

Malheureusement, nous n’avons pas pu visiter l’intérieur du château d’Himeji qui est en cours de rénovation, mais seulement les jardins alentour.
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03/04/2014 Osaka – Kansai

La fin de notre visite au Japon se termine à Osaka (大阪) qui est la 3ème ville du Japon.

Pour notre dernière étape au Japon, nous avons décidé de nous rendre au château d’Osaka construit au XVIème siècle par le shogun TOYOTOMI Hideyoshi (豊臣秀吉), qui est considéré comme le deuxième unificateur du Japon.

A sa mort en 1598, le château d’Osaka passe à son fils TOYOTOMI Hideyori (豊臣 秀頼) âgé de 5 ans.

TOKUGAWA Ieyasu (徳川家康), qui était l’allié de TOYOTOMI Hideyoshi de son vivant et désigné par lui comme l’un des cinq régents pour gouverner le pays et protéger son fils pendant sa jeunesse, défait les troupes loyales à celui-ci à la fameuse bataille de Sekigahara en 1600, devient Shogun en 1603 et s’établit à Edo (qui deviendra Tokyo en 1868).

En 1615, il attaque TOYOTOMI Hideyori dans le château d’Osaka pour la deuxième fois, qu’il prendra rapidement.

C’est la fin du clan TOYOTOMI avec le suicide par seppuku de Hideyori à l’âge de 22 ans, le suicide par jigai (自害 ou suicide réservé aux femmes) de sa mère, et la mise à mort de son fils de 8 ans.

TOKUGAWA Ieyasu est considéré comme le troisième et dernier unificateur du Japon.

Le château d’Osaka est un ouvrage imposant avec 5 étages à l’extérieur et 8 à l’intérieur.

Il possède un parc magnifique avec des cerisiers en fleurs, les plus beaux que nous ayons vus depuis le début de notre voyage au Japon.
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04/04/2014 Osaka – Taiwan (台灣) – Séoul (서울) – Paris (巴黎)

Après le Japon, nous partons pour Taiwan où une nouvelle aventure nous attend, puis nous nous rendons en Corée du Sud avant de retrouver, pour ceux et celles d’entre nous qui l’avons un moment quittée, notre belle et douce France.

Taiwan est une ile de 36 000 km2 avec 23 millions d’habitants, connue en français sous le nom de Formose, du portugais Formosa (belle île).

Elle est depuis 1949 administrée par la République de Chine qui occupe le siège de la Chine à l’ONU jusqu’en 1971, date à laquelle elle est remplacée par la République Populaire de Chine.

Après quelques décennies de régime autoritaire, Taiwan est devenue un pays démocratique et connaît un essor économique qui la place au rang des pays industriels développés avec un niveau de vie équivalent à celui de l’Union Européenne.

Taiwan est connue pour ses produits électroniques (ACER, ASUS, HTC, TSMC …) , dont seulement une petite partie est fabriquée sur place, pendant que le reste de la fabrication est délocalisé en Chine et dans les pays de l’Asie du Sud-Est où la main d’œuvre est meilleur marché.

La Corée du Sud (대한민국 = 大韓民國 = République de Corée) qui compte 49 millions d’habitants est la douzième puissance économique mondiale.

La Corée possède un alphabet officiel appelé hangeul 한글 = 諺文 = ngạn văn = langue des proverbes (글 = geul = langue, 한 = han = proverbe) inventé par le roi et savant Sejong le Grand (세종대왕) pour remplacer les caractères chinois (hanja) jugés trop complexes, dès le milieu du XVème siècle.

Le hangeul est considéré comme l’un des systèmes d’écriture les plus scientifiques au monde.

Les industries coréennes se placent aux premiers rangs mondiaux pour l’électronique grand public, la construction navale, la construction automobile et la sidérurgie.

Le point le plus spectaculaire de notre visite en Corée du Sud est la DMZ (zone démilitarisée) servant de démarcation entre les deux frères ennemis que tout sépare, la Corée du Nord, communiste, pauvre et totalitaire et la Corée du Sud, moderne, riche et démocratique.

Nous avons visité en guise d’attraction touristique l’un des quatre tunnels creusés par les Nord-Coréens depuis la DMZ pour attaquer la Corée du Sud par surprise, mais toutes ces folles tentatives belliqueuses de la Corée du Nord de 1975 à 1990 se sont soldées par des échecs grâce à la vigilance des Sud-Coréens surentraînés et équipés de matériels les plus modernes. Au moins l’une d’entre elles a échoué à la suite de la désertion de l’architecte en chef du tunnel qui a révélé tout le plan d’invasion aux Sud-Coréens.

L’impression générale que je retire de ce périple à travers les trois pays de l’Asie, Japon, Taiwan et Corée du Sud, est un sentiment de grande sécurité partout où je vais, que je me promène dans la rue ou que je loge à l’hôtel, dû non pas à une présence policière quasi-inexistante, mais au sens civique élevé de leurs habitants.

Une anecdote personnelle vient renforcer ce sentiment de confiance : j’ai oublié mon appareil de photos dernier cri à l’hôtel et on me l’a fait suivre à l’étape d’après, soigneusement emballé pour éviter tout choc éventuel au cours du transport.

En conclusion, le Japon, Taiwan et la Corée du Sud méritent à juste titre leur surnom de dragons de l’Asie.

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