Ho van Hien (BP65)
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Quand j’essaie de me souvenir des classes de français et de philosophie datant de plus de quarante ans déjà, la première chose qui me vient à l’esprit est une leçon sur la relativité. N’est-il pas étrange que j’aie appris des choses comme e=mc2, la masse et le temps, non pas dans ma classe de physique, mais dans ma classe de philosophie et de français avec Mme Vigouroux ? Pas étonnant du tout, parce que, pour nous maintenant, les adultes, la vie n’est plus cloisonnée en compartiments : langues, sciences, mathématiques ou philosophie…
Quelqu’un a dit : “La culture c’est ce qui reste quand on a tout oublié”. Les choses que nous avons apprises ont formé nos succès ou nos échecs à l’école, nous ont aidés à passer nos examens, ont décidé plus ou moins notre carrière, puis elles sont devenues tout simplement une partie de nous, de ce que nous sommes. Toutefois, même lorsque tous les détails sont devenus flous, il y a certaines personnes que l’on n’oublie jamais. Ces personnes ont changé le cours de notre vie, elles nous ont fait sentir leur intérêt pour ce que nous faisions, nous ont fait redoubler d’efforts et nous ont poussés à réaliser des choses que nous n’avions jamais pensé pouvoir faire. Ce sont ces professeurs dont nous nous souvenons tout le reste de notre vie, car nous savons que sans eux, nous n’aurions pas été ce que nous sommes maintenant.
Je me bagarrais avec le français quand je suis entré dans la classe de Madame Vigouroux après le Brevet. Elle s’étonnait que mon français parlé fût si mauvais, alors que j’écrivais bien mieux. Peut-être parce que j’avais passé mes premières années dans une école primaire vietnamienne, tandis que pour la rédaction des compositions, je pouvais manipuler les idées, les mots et les règles grammaticales comme un jeu de Lego. Madame Vigouroux semblait apprécier certains de mes essais, m’encourageait à faire de mon mieux, à penser au-delà des limites que mon esprit jeune et paresseux n’était pas prêt à dépasser. C’est ainsi qu’elle m’a fait écrire et aimer écrire.
Tant d’années sont passées. Aujourd’hui, j’écris souvent en anglais et en vietnamien sur bien des sujets, non pour vivre bien sur, mais seulement pour le plaisir d’écrire. A ma surprise, j’ai pu trouver le courage d’écrire tout ceci avec mon français rouillé, et à mon professeur de français lui-même ! Alors, de la manière la plus simple mais avec toute ma profonde gratitude, je voudrais dire à mon très spécial professeur :
Bon anniversaire, Madame Vigouroux, mon meilleur professeur
Avec mes meilleurs vœux de santé, de longévité et de bonheur.
Dr Ho van Hien, BP65 |
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