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Maman, je voudrais tant te dire…

Võ Thành Thọ (JJR68)

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Selon nos traditions, à la fin de chaque année, nous avons l’habitude de nous remémorer certains faits des 365 jours passés pour mieux accueillir l’arrivée du nouveau printemps.

Dans cet esprit de « ôn cố tri tân » qui nous anime en cette fin d’année lunaire, ce que j’aurais tant voulu, aimé dire à ma mère – quand il était encore temps – je le fais aujourd’hui, inspiré par une scène qui s’est passée récemment dans une émission à la télévision.

Ce soir là quand j’ai vu le fils de Véronique Sanson, une chanteuse-compositeure de notre génération, lui rendre hommage en public depuis Los Angelès, j’ai eu soudain un gros pincement au coeur.

Ce jeune homme d’une trentaine d’années, en des termes simples et justes disait à sa mère à Paris, qu’il l’aimait et qu’il était fier d’être son fils. La mère et le fils étaient émus aux larmes, émotions sans feintes malgré la distance des terres et océan.

Ce fut également des mots sincères qu’un enfant, quelque soit son âge, aimerait pouvoir dire un jour à sa mère. Et pourtant, ce sentiment je l’ai toujours gardé dans le cœur sans jamais traduire en paroles pour le dire en face de la mienne… du temps où je pouvais encore porter une rose rouge à la boutonnière. « Một bông hồng cho những ai đang còn Mẹ »

Certainement notre éducation confucéenne doublée d’une nature réservée ne m’a pas permis de prononcer en son temps les trois mots « Maman, je t’aime » et je n’avais pas non plus la facilité teintée de sagesse de Nhât Hanh pour l’exprimer en poème :
” Un certain soir, en la regardant longuement, tu disais à ta mère : « Maman, sais-tu que je t’aime, Maman le sais tu ? “

“Rồi một chiều nào đó anh về nhìn Mẹ yêu, nhìn thật lâu
Rồi nói, nói với Mẹ rằng “Mẹ ơi, Mẹ ơi, Mẹ có biết hay không ?”
-Biết gì ? “Biết là, biết là con thương Mẹ không ?”

Cela fait bientôt six ans que ma mère n’est plus, et que le temps a pu lentement combler le pénible vide laissé par son départ. J’avais cependant toujours un sentiment indéfinissable que quelque chose me manquait encore. Ce « quelque chose », le fils de Véronique Sanson me l’a révélé quand il rendait ce soir là hommage à sa mère.

Soudain je rêvais, comme dans un « Cold Case », de pouvoir retourner, rien qu’un court moment, à mon adolescence des années soixante pour dire tout simplement de vive voix à ma mère combien je l’aimais.

Aujourd’hui, à l’âge des cheveux sel et poivre, je l’ai fait, en cette fin d’année lunaire, sans attendre le prochain Mother’s Day. Il est certes déjà tard, trop tard mais « Maman, ne vaut mieux-t-il pas trop tard que jamais ? »

Mẹ ơi,

” Mẹ già như chuối Ba Hương
Như xôi nếp một, như đường mía lau. “

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Võ Thành Thọ
2008

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