Le château de Pierrefonds




Il faut s’éloigner un peu des routes principales pour le découvrir…

Quittons donc la N31 entre Compiègne et  Soissons et prenons la D973 qui traverse la magnifique forêt domaniale de Compiègne. À l’orée de la forêt nous arrivons dans le petit village de Pierrefonds et on ne peut pas le manquer : sa forme imposante et  anachronique s’élève majestueusement au dessus des frondaisons, c’est le château fort de Pierrefonds.

Une histoire de destructions et de reconstructions et d’abandon

On peut se demander comment un château du Moyen-âge nous est parvenu en si bon état.

C’est une longue histoire. Elle débute au XIIe siècle, au beau milieu de la Guerre de Cent Ans.

Quand Louis d’Orléans, second fils du roi Charles le Sage entre en possession du Comté de Valois – une ancienne région à cheval entre l’Oise et l’Aisne qui a produit toute une dynastie de rois de France –, il décide de reconstruire entièrement le vieux château médiéval qui surplombe le village de Pierrefonds.

Mais ce sont des temps troublés, et le duc d’Orléans meurt assassiné en 1407 par son rival, Jean Sans Peur, le duc de Bourgogne. L’attentat déclenche une guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons qui ne se terminera que trente ans plus tard et a pour conséquence immédiate l’arrêt brutal des travaux à Pierrefonds.

C’est au début du XVIIe siècle que la couronne de France s’intéresse à nouveau au château de Pierrefonds. Il est alors la propriété d’un opposant au jeune roi Louis XIII, et le secrétaire d’État à la Guerre, le Cardinal de Richelieu fait assiéger le château, puis ordonne sa démolition, en mai 1617.

Les tours et les logements sont détruits, les charpentes et les planchers brûlés et il ne reste à l’issue du démantèlement qu’un amas de ruines.

Le château de Pierrefonds traverse dans cet état les grandes étapes de l’histoire de France : le siècle des Lumières, la Révolution, le 1er Empire. Au passage il est racheté par Napoléon 1er en 1813 pour la somme modique de 2 700 Francs.

Au XIXe siècle, l’aristocratie le redécouvre soudain et lui trouve un air romantique, comme tout ce qui a trait au Moyen-âge. C’est de mode à cette époque. Le roi Louis-Philippe y donne même un banquet à l’occasion du mariage de sa fille. Le peintre Jean-Baptiste Corot s’y rend à plusieurs reprises et le représente sur des toiles comme « Souvenirs de Pierrefonds » peinte en 1860-1861.

Le Moyen-âge réinterprété façon Second Empire

Suivant les conseils de Prosper Mérimée, qui a fait beaucoup pour la préservation du patrimoine, l’empereur Napoléon III tombe lui aussi sous le charme après une visite du château et ordonne sa remise en état. Il confie les travaux à l’architecte Eugène Viollet-le-Duc, spécialisé dans la restauration de constructions médiévales.

Le projet se limite d’abord à la réhabilitation des parties habitables : le donjon et deux tours ; le reste de l’édifice doit rester en ruines pour préserver son aspect « pittoresque » très prisé à l’époque. Mais l’empereur décide finalement d’en faire une demeure impériale, où l’on doit pouvoir organiser des réceptions de grande ampleur. Suite à cette décision, le château est entièrement reconstruit pour une somme totale de cinq millions de Francs.

Viollet-le-Duc part du principe qu’une restauration ne doit pas se limiter à une remise en l’état d’origine de l’édifice. Pour lui il s’agit de le réinventer, le recréer tel qu’il aurait pu ou dû être.

Si l’architecture extérieure respecte scrupuleusement le style médiéval – Viollet-le-Duc a une connaissance approfondie de l’architecture des châteaux du Moyen-âge –, il se donne une grande liberté d’interprétation quant à la décoration intérieure, sans vraiment se préoccuper des vérités historiques. En témoignent le corps de logis Renaissance de la cour d’honneur, le grand escalier à vis, ou les peintures polychromes d’inspiration médiévale, ou bien encore la chapelle, sortie tout droit de son imagination.

La défaite de 1870 puis la mort de l’architecte rendent la fin de la restauration laborieuse et le château se retrouve une nouvelle fois désaffecté, laissant au rare public qui le visite encore un étrange sentiment d’inachevé.

Après la Seconde Guerre Mondiale, la Caisse Nationale des Monuments Historiques prend en charge la conservation et la mise en valeur du château et lui redonne une nouvelle vie. Elle l’ouvre au public et y organise des expositions remarquées comme la présentation de la collection Monduit.

Le temps s’arrête quand la visite commence

Mieux vaut être averti(e) : la visite débute de façon un peu abrupte. Pour accéder au château, il faut suivre un chemin qui grimpe au travers du parc boisé qui le ceinture. Oubliez les talons aiguilles.

Mais ce qu’on découvre ensuite vaut largement le petit effort consenti. Après avoir remonté le temps le long du sentier en apercevant au passage une catapulte, un trébuchet et autres machines de guerre de l’époque médiévale, le château de Pierrefonds se révèle dans toute sa majesté.

Avant de franchir le pont-levis, prenons le temps de nous mettre dans la peau d’un envahisseur prêt à se lancer à l’assaut de la forteresse. Elle paraît imprenable avec son mur d’enceinte, ses mâchicoulis, ses meurtrières, ses créneaux et ses archères. On devine les défenseurs prêts à nous balancer toutes sortes de projectiles depuis le double chemin de ronde qui court tout le long du périmètre de l’enceinte, à plusieurs dizaines de mètres de haut – il peut être visité.

Le château est gardé par huit tours dont chacune porte le nom d’un des héros guerriers de la légende des Neuf Preux. Ces neuf personnages, trois païens, trois juifs et trois chrétiens incarnaient à l’époque médiévale l’esprit chevaleresque et ses vertus. On a ainsi la tour Charlemagne, la tour Jules César, la tour du roi Arthur… Chacune d’elles porte une statue de son héros. Neuf personnages, huit tours, seul manque le roi David mais il est représenté sous forme de l’étoile juive dans la rosace de la chapelle, peut-être à titre de compensation.

En étant si bien protégé, on comprend qu’il aura fallu à Richelieu 3 000 hommes, 500 chevaux et quatre pièces d’artillerie pour en venir à bout. Et c’était au XVIIe siècle.

Visite intérieure

Pour nous, il n’est pas nécessaire de recourir à la force : le pont levis est baissé et il suffit de s’acquitter du droit d’entrée pour avoir le droit de pénétrer dans la cour d’honneur.

Là le décor change. Après avoir passé la statue équestre de Louis d’Orléans on est confronté au style Renaissance du corps de logis, terminé par un escalier à vis à double révolution, comme à Chambord, mêlé au Néo-gothique et ses figures chimériques et ses gargouilles grotesques. Il est évident que l’architecte a laissé ici libre cours à son imagination romantique.

Certaines pièces intérieures situées dans les étages du donjon peuvent être visitées, bien que leur décoration n’ait jamais été achevée. Ce sont les appartements de l’empereur Napoléon III : le salon de réception, le bureau de l’Empereur, la chambre de l’Empereur.

La pièce la plus impressionnante est située dans le corps du logis, c’est la Salle des Preuses, une immense salle de réception d’une longueur de 52 mètres pour une largeur de 9,50 mètres et une hauteur de 12 mètres qui devait au départ recevoir la collection d’armures de Napoléon III.

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